Retour sur l'atelier de culture numérique du mardi 17 avril 2018

Le deuxième atelier de culture numérique a eu lieu le mardi 17 avril de 9h30 à 11h30. Cela a été l'occasion d'échanger sur trois sujets qui font (ou ont fait) l'actualité du numérique en ce début d'année :

* la blockchain et le bitcoin

* la neutralité du net et sa remise en question aux États-Unis

* le scandale Facebook / Cambridge analytica

 

La blockchain

A la demande d'Annick, je me suis documenté sur la blockchain, et j'ai tant bien que mal essayé de présenter le concept de manière claire et concise. Pour résumer, la blockchain est une base de données distribuée (elle n'est pas centralisée et ne dépend pas d'un gestionnaire unique). Elle est infalsifiable et pérenne. Ce qui la rend si intéressante c'est qu'en théorie, sa légitimité ne dépend pas de la réputation de l'organisation qui la fait fonctionner ; c'est la technologie elle même qui la rend infalsifiable.

Pour pouvoir participer à l'écriture de la blockchain il faut dédier de la puissance de calcul (donc son ordinateur) à la résolution d'un problème mathématique artificiel et très complexe. Il n'est pas possible pour un individu de « hacker » ou de falsifier la blockchain car il devrait détenir plus de 50 % de la puissance de calcul mise au service de cette technologie. (Ce raisonnement s'applique surtout aux chaînes qui fonctionnent sur le modèle de la preuve de travail ; il existe d'autres modes de fonctionnement).

Voici deux vidéos qui vous permettrons de vous familiariser avec les principes de la blockchain. La première est facile d'accès, la seconde est un peu plus avancée.

Cette inviolabilité théorique a permis de mettre la blockchain au service de monnaie virtuelle comme le Bitcoin dont le cours a explosé en 2017 (jusqu'à 15000$ l'unité).

Mais la blockchain a d'autres utilisations : garantir l'application de contrat d'assurance, stocker des données médicales ; se passer des tiers de manière générale.

Cependant, au cours de l'atelier nous avons aussi décelé des limites. La blockchain est souvent présentée comme une technologie « verte » alors qu'elle est une énorme consommatrice d'énergie (elle nécessite le fonctionnement permanent de millions de machines). L'effet de mode qui entoure le terme – notamment dans le domaine des startups numériques – peut faire craindre qu'elle soit utilisée à tords et à travers et qu'elle devienne une grande « usine à gaz ». Enfin, Daniel nous a rappelé que sur les millions d'ordinateurs qui minent le Bitcoin, 80 % sont détenus par des Chinois. On pourrait aisément imaginer que le gouvernement veuille interfèrer un jour.

 

 

La neutralité du net

 

C'est un principe fort qui exclut toute forme de discrimination à l’égard de la source, de la destination, du contenu de l’information transmise sur le réseau. En clair, tout le monde a accès au même internet peu importe la machine qu'il utilise, le prix de son abonnement ou sa situation géographique. Cela garantit une égalité d'accès à l'information de la part des internautes. C'est un principe héritier de la pensée du web des premiers temps où l'on envisageait Internet comme un formidable outil de communication, d'expression et d'information.

Le 14 décembre 2017 la commission fédérale des communications américaines a mis fin au principe de neutralité du net qui avait été établi par l'administration Obama en 2015. A partir du 23 avril les fournisseurs d'accès à Internet pourront commencer à mettre en place des offres affranchies de ce principe. Si les opérateurs américains ont fait pression pour supprimer ce principe c'est parce qu'ils considèrent ne pas gagner assez grâce à Internet alors que ce sont eux qui gèrent les infrastructures. Ils se sentent désavantagés par rapport à de grosses entreprises comme Google, Amazon ou Youtube. Il pensent ainsi pouvoir gagner davantage d'argent en diversifiant leur grille de tarifs. Sans doute au détriment des consommateurs et des petites entreprises.

Si la question vous intéresse – et je crois qu'elle est cruciale – je vous invite à regarder ce débat organisé sur la chaîne Public Sénat.

En Europe, nous sommes davantage à l'abri d'une remise en cause de ce principe. Depuis le printemps 2016 une loi européenne garantit la neutralité du net. Il faut cependant rester vigilant car des offres dites « zero rating » jouent avec la limite imposée par la loi. D'ailleurs certains acteurs clés du secteurs des telecoms – comme le PDG d'Orange – sont farouchement opposés à la neutralité du net.

 

 

Cambridge Analytica

En mars 2018, un scandale a éclaboussé le réseau social Facebook. Un lanceur d'alerte a révélé que la société d'analyse de comportements Cambridge Analytica avait siphonné les données personnelles de millions d'utilisateurs de Facebook. Ces données auraient notamment été utilisées pour établir une stratégie d'influence des électeurs en faveur de Donald Trump dans le cadre des élections présidentielles américaines. L'accès aux profils d'utilisateurs a été rendu possible via une application développée par un chercheur travaillant avec Cambridge Analytica. L'appli a récupéré les données des personnes qui l'utilisaient mais aussi des amis de ces personnes.

Je vous conseille cette vidéo, qui explique comment Facebook peut influencer une élection.

Pour Facebook voilà le problème : soit ils ne savaient pas, ce qui dénote une certaine incompétence qui met en danger les utilisateurs de la plateforme (cela semble être la ligne de défense de l'entreprise à ce jour). Soit ils savaient et ils ont sciemment vendu l'accès à ces données ; ce qui signifierait que le cas n'est pas isolé. Le 10 avril 2018, Marc Zuckerberg, le PDG de Facebook a été longuement interrogé par le Sénat américain. On ne sait pas encore ce qui résultera de ces entretiens mais Zuckerberg semble vouloir faire amende honorable et consacrer plus d'efforts à une gestion saine des données des utilisateurs. On se permet de douter de sa sincérité étant donné que le modèle économique de Facebook repose sur la revente des données personnelles.

Pour finir voici un article sur les « profiles fantômes ». Vous verrez qu'il n'est pas nécessaire d'être inscrit sur Facebook pour que l'entreprise collecte vos données.

Lors du prochain atelier de culture numérique on parlera, entre autres, d'intelligence artificielle. La date sera communiquée bientôt.